Résumé : |
Comment pouvait-on, durant l'Âge classique et les Lumières, penser et dire l'histoire ? A cette question le présent travail tente de répondre en montrant sur l'historiographie des Guerres de Religion, les discours des acteurs de la Fronde, la polémique qui oppose partisans et adversaires de la deuxième révolution d'Angleterre, que le dire de l'histoire, loin d'être un appel réitéré de la mémoire, le dévoilement progressif d'une réalité gisante sous les sables du passé, est une construction de l'évènement à partir d'un savoir qui le précède, qu'il sert à fonder et sans lequel il ne pourrait s'énoncer. Conçu comme un processus d'édification, le discours sur l'histoire - qu'il soit celui de l'évènement contemporain ou du passé lointain - est à rechercher aussi bien dans l'historiographie, le discours politique, la fiction romanesque ou théâtrale. Toutes ces formes renvoient à une épistémè qui est la possibilité de profération. Par sa mise au jour peuvent se comprendre au-delà des antagonismes lisibles les unités profondes, les ruptures par lesquelles à sa représentation cyclique se substitue par émergence une vision linéaire du devenir historique, source d'une nouvelle problématique du temps et de la durée, d'un discours sur le progrès dont Voltaire est l'initiateur. Une telle analyse, dans des champs divers, permet une compréhension nouvelle des tensions idéologiques et politiques qui parcourent l'Âge classique. |