Résumé : |
Le rôle de l'art et de l'écrivain dans la société
Albert Camus reçoit le Nobel en 1957 et c'est le 10 décembre qu'il prononce son discours de remerciement à l’Hôtel de Ville de Stockholm. Il est dédicacé à l'homme auquel il doit le plus : Louis Germain, l'instituteur de son enfance.
Dans ce discours, Camus va dessiner ce qu’il estime être le métier d'écrivain et ce que sont les devoirs de ce métier. Pour lui, l'écrivain ne peut survivre que dans la société et non en dehors d’elle. S’il lui donne quelque chose c'est parce qu’il en a beaucoup reçu. Le rôle de l’écrivain est de se mettre au service de ceux qui subissent l'histoire, à celui de la vérité et de la liberté. Il devra refuser de cacher ce qu'il sait et devra faire de la résistance à l'oppression.
Le monde des vingt dernières années a connu les procès de Moscou, la guerre d’Espagne, le nazisme et la guerre quarante, l'univers concentrationnaire, les tortures et voilà qu’est arrivée la menace nucléaire. Il appartiendra aux hommes non pas de refaire le monde, mais de l'empêcher de se défaire. Ils devront lutter contre les formes d’oppressions aussi diverses soient-elles et ne pas mettre leur intelligence au service de la tyrannie, ils devront créer une nouvelle solidarité des nations dans la paix et le respect.
« La vérité est mystérieuse, fuyante, toujours à conquérir. La liberté est dangereuse, dure à vivre autant qu'exaltante. »
Il a accepté son prix, dit-il, pour « le recevoir comme un hommage rendu à tous ceux qui, partageant le même combat, n’en ont reçu aucun privilège, mais ont connu au contraire malheur et persécution. »
Dans le second discours, prononcé le 14 décembre à l'Université d’Upsal, Camus revient, pour le développer, sur ce qu’est, pour lui, un véritable artiste ainsi que son rôle dans la société moderne. Il s'attaque à la « société des marchands »
qui remplace les choses par des signes et crée donc un monde artificiel. Elle utilise, selon lui, les libertés de principe pour instaurer une oppression de fait. Tout véritable écrivain, véritable artiste, ne peut que créer contre cette société. Mais Camus s’attaque autant au modèle soviétique et à son « réalisme socialiste ». Pour lui, le réalisme ne peut être « socialiste », car toute la réalité n’est pas socialiste et vouloir l’imposer comme telle est de la tyrannie. Dans ce monde là, l’art « culmine dans un optimisme de commande, le pire des luxes justement, et le plus dérisoire des mensonges. »
Le combat de l’artiste ne peut qu'être celui de la liberté, car il n’y a plus d'art là où il y a tyrannie.
Ces deux textes sont bien plus riches que les quelques extraits que je viens de vous en donner et ils valent vraiment d'être lus. Ils aident à mieux comprendre les dangers de notre monde. |